samedi, juin 10, 2023

Histoire de Mulhouse

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MULHOUSE MÜLINHUSON MÜLINHAUSEN

Quand la légende se confond avec la réalité Le site de Mulhouse, marécageux et à l’écart des voies de communications qui parcourent la Haute Alsace depuis l’époque romaine, ne prédisposait pas à l’établissement d’une ville importante.
Alors que bien des villes d’Alsace et de la vallée du Rhin, comme Strasbourg ou Bâle, ont une origine romaine, Mulhouse n’apparaît qu’à la fin du haut Moyen Age.
Les premiers textes qui font mention de la ville en 803 et 823 attestent l’existence de propriétés situées à Mulhouse appartenant à l’abbaye de Fulda et à celle de Masevaux .

La légende, quant à elle, veut que Mulhouse ait été fondée autour d’un moulin à l’époque franque, d’où le nom de la ville :Mülinhuson: ou :Mülinhausen: , que l’on trouve dans les textes les plus anciens, et la roue du moulin qui figure dans les armoiries de la ville.
La toponymie confirme l’existence d’un moulin entraîné par la force hydraulique, comme le montre les armoiries de la ville.
Mulhouse s’est donc vraisemblablement développée autour d’un moulin situé sur les bords de l’Ill il y a plus de mille ans. Les fouilles archéologiques effectuées en 1991 place de la Réunion confirment aujourd’hui cette hypothèse et nous renseignent sur le développement initial de Mulhouse. Ces fouilles mettent en évidence à cet emplacement une aire d’inhumation datant du IX-Xe siècle liée à un habitat rural. Entre 940 et 1006, on y établit une chapelle devant laquelle s’étend un véritable cimetière, ce qui atteste l’existence d’une communauté déjà bien organisée. Aux alentours de l’an mille, à l’époque ottonienne, cette chapelle est agrandie sur deux côtés pour en faire un véritable lieu de culte qui porte peut-être déjà le nom de Saint-Étienne, rappelant ainsi l’époque où Mulhouse dépendait en partie de
l’abbaye Saint-Étienne de Strasbourg. A la même époque, en 1003, l’évêque de Strasbourg, en vertu
d’une disposition de l’empereur Henri II, obtient l’administration des biens que cette abbaye possède à Mulhouse.
Le domaine épiscopal va rapidement connaître une grande extension et, pour affirmer son autorité, l’évêque fait reconstruire l’église dans le courant du deuxième tiers du XIe siècle.

Cette nouvelle église, qui atteste la transformation de Mulhouse en paroisse, est pourvue d’une puissante tour qui apparaît ainsi comme le symbole du pouvoir de l’évêque de Strasbourg sur une paroisse enclavée dans le diocèse de Bâle. Au XIIe siècle, tous les autres propriétaires fonciers de Mulhouse sont évincés, sauf la famille des Hohenstaufen, dont l’origine de la propriété est inconnue. Rien ne prédisposait alors Mulhouse à devenir une ville d’importance.

Ni le site, ni la localisation géographique, ni l’activité des habitants, et Mulhouse aurait pu demeurer une localité agricole à l’instar des ses voisines.

La volonté de ses habitants, leur esprit d’entreprise, leur dynamisme et leur esprit d’indépendance vont faire de cette petite bourgade une ville singulière à nulle autre pareille. LA NAISSANCE D’UNE VILLE Le développement de Mulhouse, commencé sous l’autorité des évêques de Strasbourg, connaît une évolution décisive grâce à l’intervention des Hohenstaufen, qui vont en faire une véritable ville.

L’empereur Frédéric Ier Barberousse (1152 – 1190) va jouer un rôle essentiel dans ce

http://planetejeanjaures.free.fr/histoire/moyen%20age/croisade35.htm
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processus. Pour asseoir son autorité, il doit relier entre elles ses différentes possessions en Bourgogne, en Franche-Comté d’un côté, en Souabe et en Alsace de l’autre. Mulhouse, située entre terre d’empire à mi-chemin entre ses différentes possessions, devient de ce fait une position stratégique d’importance, étape et relais permettant de contrôler la route reliant la Souabe et la Bourgogne. Frédéric Barberousse se fait alors donner en fief les biens que l’évêque de Strasbourg possédait à Mulhouse.

Devenant ainsi le seul seigneur de Mulhouse, l’empereur va favoriser son développement à partir de deux noyaux pré-urbains existant jusqu’alors : l’un autour de la chapelle Saint-Jean, appelée par la suite Oberstadt, l’autre autour de l’église paroissiale Saint-Etienne, appelée improprement Understadt, car la terrasse sur laquelle se développe cette partie de la ville est en réalité plus élevée que l’Oberstadt !

Les fouilles réalisées en 1991 remettent également en cause toutes les hypothèses qui font de l’Oberstadt le’ noyau primitif de la ville.

Ces fouilles font clairement apparaître, dès l’an mille, l’importance de ce noyau urbain où l’on trouve le cimetière avec sa chapelle, puis la première église paroissiale.

C’est donc tout naturellement à cet emplacement que Frédéric Ier Barberousse, qui

http://www.france-voyage.com/tourisme/photos.php?tourisme_id=377
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séjourne au moins à deux reprises à Mulhouse en 1153 et 1186, développe le noyau de ce qui doit devenir une ” ville-étape ” impériale. Les dernières fouilles permettent d’ailleurs d’établir que l’église Saint-Étienne est agrandie à deux reprises au milieu et à la fin du XIIe siècle.

Ces travaux, qui correspondent au séjour de l’empereur à Mulhouse, témoignent de l’essor démographique de la ville à cette époque. Ils permettent également de conforter l’hypothèse qui attribue à Frédéric Ier Barberousse le lotissement de l’espace urbain autour de l’actuelle place de la Réunion, où il établit un marché doté d’une halle de marchands ou Wateschale qui sert également de maison commune, située en bordure de cimetière. Dès cette époque, les artisans et marchands se regroupent par métiers dans les rues aux alentours de la place, dont certains noms subsistent jusqu’à nos jours : Kramgasse (rue Mercière), Schmiedgasse (rue des Maréchaux), Gervergasse (rue des Tanneurs)… La cité marchande méthodiquement crée par l’empereur obtient également le droit de juger les contestations s’élevant entre les vendeurs et leurs clients, le droit d’exercer la police du marché et d’assurer la sécurité de tous ceux qui s’y rendent. L’empereur Frédéric Ier disparaît en 1190 lors de la troisième croisade sans avoir pu faire de Mulhouse une véritable ville dotée d’une charte de franchises urbaines.

Après sa mort, des dissensions éclatent entre les Hohenstaufen et les évêques de Strasbourg, qui récupèrent pour un temps leurs possessions mulhousiennes. Au début

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_II_de_Prusse
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du XIIIe siècle, Frédéric II, le petit-fils de Barberousse, qui considère l’Alsace ” comme sa plus chère possession “, va s’efforcer de récupérer ses droits et d’asseoir son autorité sur la région en la couvrant de villes fortifiées.

Cette tâche est confiée à Woelflin, le Schultheiss (prévôt) de Haguenau. Sélestat en 1217, Molsheim en 1219, Colmar en 1220 deviennent ainsi les points d’appui fortifiés sur lesquels repose la puissance impériale.

En 1222 les partisans de Frédéric II s’emparent à leur tour de Mulhouse, qui est immédiatement dotée d’une première enceinte vraisemblablement peu élevée, doublée d’un fossé mis en eau grâce à la déviation de l’Ill.

mulhouseMulhouse devient ainsi une véritable ville, qui de haut de ses remparts domine le plat pays environnant. Ville de fait, Mulhouse le devient en droit peu après grâce aux avantages que l’empereur lui accorde en toute illégitimité en la dotant de certains privilèges et d’un conseil de bourgeois.

Ce n’est qu’en 1236 que cette situation est enfin ratifiée par l’empereur et l’évêque de Strasbourg, mis devant le fait accompli.

Mulhouse devient par ce traité une ville royale, mais l’évêque de Strasbourg en reste le seigneur et la confie à Frédéric II, à titre héréditaire. Le statut ainsi créé est ambigu, car la ville relève à titre privé de l’empereur qui, en sa qualité de seigneur territorial, tient un fief de l’évêque qui peut le reprendre sous certaines conditions, ce qui ne tarde pas à arriver, car la dynastie des Hohenstaufen disparaît rapidement et l’évêque récupère son fief mulhousien dès 1255 tout en garantissant les libertés acquises par les Mulhousiens.

Voir aussi : Mulhouse, labellisée « ville vélotouristique »

Comment obtenir un acte de naissance à Mulhouse ?