Bonsoir à tous, a scheener Owa àn àlla,
Je suis bien content de suivre ce sujet, et personnellement je pense qu'il ne faudrait pas trop s'en faire pour ce qui est d'écrire l'alsacien. C'est une langue orale, d'usage aujourd'hui restreint, mais même à son apogée, elle n'était pas forcément écrite, ou alors selon l'oreille et le bon vouloir (et pouvoir) de chacun. Au cours de mes recherches généalogiques, j'ai vu maints documents datant de la période révolutionnaire, où les nouveaux fonctionnaires de l’État Civil écrivaient leurs actes en alsacien, parfois avec des mots allemands, parfois avec des mots français, encore des mots latins par-ci par-la, et selon une orthographe toute personnelle. J'ai réussi, et beaucoup d'autres avec moi, à déchiffrer et comprendre tout cela, c'était pour les personnes concernées une phase de transition. Ensuite j'admire aussi beaucoup la poésie de Nathan Katz, de Charles Zumstein, d'André Weckmann et tant d'autres poètes encore vivants, aux rangs desquels je compte aussi nos chanteuses/chanteurs actuels; mais je trouve dommage de vouloir unifier par exemple le langage de Katz et celui de Weckmann ; il m'est arrivé, en tant que mulhousien-dornachois, de discuter avec Raymond Matzen, il m'arrive encore de m'entretenir avec Gérard Leser, j'écoute Roger Siffer et Sylvie Kneff, et je comprends chacun d'eux, même si je dois faire des efforts et tendre l'oreille ; je trouve par contre qu'il serait dommage d'obliger toutes ces personnes à parler et écrire le même alsacien, qui n'est alors pas/plus leur langue maternelle. Reste LE grand problème qui est d'ailleurs à l'origine de ce topic : comment se débrouille celle/celui qui désire apprendre-réapprendre notre idiome ?
Il m'est sans doute délicat d'en parler, vu que je ne suis pas dans ce cas, mais je pense qu'il faudrait faire comme tout jeune alsacien qui naît et grandit dans sa famille, dans son environnement, qui apprend la langue de son village ou de son canton, et se débrouille quand il rencontre du changement. Bref : apprendre une variante, celle que l'on peut ou veut appliquer, essayer de la maîtriser au maximum, et prendre la suite comme elle vient. Et pour l'écriture, à moins de vouloir devenir un poète renommé, s'essayer à l'allemand. J'aime bien sûr écrire en alsacien, je sais que l'on peut encore exprimer beaucoup de choses dans cette langue; et c'est justement R. Matzen qui disait que tant que l'on peut exprimer du virtuel dans une langue, des suppositions, du subjonctif etc, cette langue n'est pas morte.
M'r sen vellecht d'Letschta, awer m'r sen net d'Erschta un net d'Letschta, wu d'Letschta sin !
Uff dass, noch a scheener Owa. un grüwla net z'Vel !